Pour un nouveau contrat social : le Grenelle du numérique
Emploi & Mobilité
L’avenir en question
Economie collaborative, « ubérisation », portage salarial, … De nouvelles formes d’emploi se développent, parallèlement au salariat. Ces évolutions du monde du travail soulèvent de nombreuses questions. Un changement profond est à l’œuvre, concernant l’emploi, bien entendu, mais aussi les rapports entre l’homme et la machine.
Une nouvelle révolution industrielle
Les évolutions technologiques récentes laissent entrevoir la possibilité d’une robotisation plus massive, mais aussi plus performante. Les machines pourraient être capables de remplir davantage que les tâches dites routinières. La mise au point des algorithmes décisionnels signifie en effet que des tâches complexes peuvent potentiellement être automatisées.
Le cercle vertueux d’une montée en gamme du monde du travail, par la formation des personnes les moins qualifiées, dans le cadre d’une « destruction créatrice » (où les emplois détruits sont compensés par la formation), suppose une réflexion de fond poussée pour être instauré.
Une nouvelle révolution industrielle est en marche, celle de l’économie des plateformes et de la robotisation. Elle bouleverse d’ores et déjà les processus de production et la société dans son ensemble. C’est notre contrat social qui est à repenser.
Pour un optimisme constructif
En tant qu’organisation syndicale représentative, et constructive, la CFTC se veut résolument optimiste quant à l’émergence de nouvelles formes de métiers et d’activités. Pour autant, il importe de comprendre et d’accompagner les mutations à l’œuvre : un déficit de régulation pourrait conduire à un affaiblissement des protections sociales pour les nouveaux travailleurs du numérique.
Une telle configuration reviendrait à freiner leur essor. A l’inverse, apporter à ces nouvelles formes d’activité les garanties sociales nécessaires et suffisantes paraît être la plus sûre manière d’en faire une source de prospérité et d’épanouissement pour tous.
Des enjeux éthiques fondamentaux
Sur le plan de l’emploi et des conditions de travail, la CFTC est convaincue que le robot peut être l’allié de l’homme et plus particulièrement du travailleur. Le secteur du BTP a déjà beaucoup investi dans des « exosquelettes » intelligents qui facilitent l’effort physique et rendent moins pénible la tâche de l’ouvrier. C’est un exemple d’emploi qui s’enrichit, au lieu de disparaître.
Toutefois, sur le plan éthique, on peut s’interroger sur les risques liés au développement de l’intelligence artificielle. Il ne faudrait pas à terme que la coopération positive entre l’homme et le robot laisse place à une hiérarchie inversée où l’homme… servirait la machine !
Pour ces raisons, et parce que la situation qui est la nôtre est un défi de taille qui doit être regardé en face, la CFTC plaide pour la mise en place urgente d’un Grenelle du numérique.
Quelques exemples de sujets à aborder
Développer les études et recherches sur ce sujet
Lancer les travaux et études pour appréhender l’impact de la robotisation et de l’économie des plateformes.
Accompagner les mutations du marché de l’emploi
Améliorer l’identification des futurs métiers notamment de la part des entreprises ;
Adapter l’offre de formation et repenser le système de formation afin de le rendre plus flexible : l’offre de formation doit s’adapter en permanence aux évolutions rapides du monde du travail.
Poser les contours d’un cadre juridique et éthique
Utilité de la création d’un statut juridique des robots ;
Ouvrir un débat sur les questions d’éthiques que soulèvent la robotisation et l’économie des plateformes.
Poser les contours d’une réglementation fiscale et sociale
Un jeu d’équilibriste s’ouvre donc pour les pouvoirs publics qui doivent à la fois encadrer cette nouvelle économie tout en lui laissant assez d’espace pour prospérer et contribuer à la croissance.
La CFTC demande ainsi la convocation d’un Grenelle du numérique qui impliquerait tous les représentants des acteurs concernés par ces enjeux : élus, société civile, représentants des employeurs et des salariés, scientifiques, humanistes…